Le Salem Express, baptisé « Fred Scamaroni » lors de son lancement, connut une fin tragique qui restera pour longtemps encore dans les mémoires de dizaines de familles égyptiennes.
Racheté par le gouvernement égyptien, il assurait en 1991 la liaison Port Djeddah (Arabie Saoudite) – Port Safaga (Egypte) et ce, principalement pour les pèlerins se rendant à La Mecque. Le 16 décembre 1991, alors qu’il était sur le point d’arriver à Safaga, le bateau heurte un récif. L’impact du choc fait s’ouvrir la porte avant et le bateau coule en 20 minutes. A son bord, 650 passagers dont 72 membres d’équipage et 578 passagers.
Cette tragédie coûta officiellement la vie à 470 personnes. Seuls 180 de la totalité des passagers survécurent.
Pour des raisons d’ordre religieux, l’épave est considérée comme une sépulture. Par respect, l’entrée à l’intérieur de l’épave est FORMELLEMENT interdite.
Évitez à tout prix de poser vos mains sur l’épave car petit à petit, un humus se dépose sur la tôle permettant au corail de venir s’y fixer par la suite. Chaque main posée sur l’épave freine donc considérablement la concrétion !!!
L’épave repose sur un fond de 30 mètres et remonte dans 10 mètres d’eau. Elle mesure 115 mètres de long et est couchée sur le flanc tribord. C’est sur cette partie que sont généralement posés les mouillages.
Il est vivement conseillé de commencer l’exploration par la poupe avec ses hélices et son safran qui repose sur un fond de 26 mètres. La taille des éponges tubulaires s’y agrippant est très impressionnante compte tenu de l’âge de l’épave. La coque n’a que peu d’intérêt, mieux vaut longer ensuite le pont pour atteindre la proue. Sur le chemin : bittes d’amarrage et treuils, le restaurant que l’on peut apercevoir par une porte, les deux cheminées portant chacune la lettre « S » et le poste de vigie suivi de la cabine de pilotage.
Au fond, les canots de sauvetage ainsi que tout un amas de tôles sur lesquelles un banc de lutjans Kasmira (lutjans – vivaneaux à raies blues) se plaît à rester. Arrivé au niveau de la proue, il ne reste plus qu’à remonter la coque dans 18 mètres d’eau. C’est là que se situe l’impact. On peut y voir l’ouverture de la grande porte ainsi que l’ancre encore à poste.
Pour terminer la plongée, il suffit de remonter le flanc bâbord le long des coursives du Salem Express. Peut être aurez-vous la chance de rencontrer la concierge du Salem, une murène javanaise de belle taille et pour les yeux affûtés, un poisson-crocodile !
Bel historique et grande tragédie . Nous aimerions faire cette épave en Octobre… Je crois qu’elle n’est pas très loin de Panorama Reef?
Avec le plus grand plaisir Olivier. Si tout ton groupe est partant pour y aller, nous le ferons.
J’attends de tes nouvelles par mail. A très vite.
J’aimerai aussi découvrir cette épave.
Je ne suis pas très épave à la base …
Mais l’histoire tragique du Salem, me glace le sang et le retour des plongeurs, est un mélange de malaise (les corps des victimes sont encore dedans, je crois ?) et de honte …
Il semblerait qu’elle ne soit toujours pas colonisée …
Brrr ca me fout froid dans le dos cet endroit … Trop tragique !
Cela n’engage que moi, mais Le Salem représente pour les Égyptiens originaires du coin un tabou … Même si j’étais fan des épaves, celle ci je n’oserai même pas demander à y aller sachant que pour les Égyptiens, notamment les équipages, il s’agit d’un sanctuaire … question de respect … Je ne suis pas assez égoïste et voyeuse pour ça et pas apte à la visite d’un cimetière sous-marin …
J’ai pour ma part une opinion un peu plus nuancée…
La vocation première d’un navire n’est pas de terminer au fond de l’eau. Si c’est le cas, hormis les quelques épaves coulées volontairement pour faire des récifs artificiels, il s’en est souvent précédé un drame humain, une tragédie. J’ai pu plonger plusieurs fois sur les épaves du Débarquement en Manche. Chaque épave du Débarquement a une histoire tragique, des morts dans beaucoup de cas, de jeunes hommes laissant fiancées ou femmes et enfants pour aller se battre à l’autre bout du monde. Autant de destins individuels et d’avenirs brisés. Ces épaves se plongent malgré tout, beaucoup de gens viennent de toute la France, voire de l’étranger pour plonger ces épaves, avec tout le respect qu’il se doit. Il ne s’agit pas, par cet exemple, de minimiser l’histoire et la tragédie du naufrage du Salem, mais de pointer le fait que par nature, une épave est issue d’un naufrage, et donc d’une tragédie. Donc… pourquoi celle ci est plus controversée que les autres? Parmi tous les trésors qu’offre Safaga, une plongée sur le Salem n’est pas mon choix premier, mais si elle est proposée au cours de la semaine, je la plonge volontiers, avec tout le respect qui s’impose, en ne ramassant rien, en ne tentant pas de la pénétrer. En aucun cas je me sens « égoïste » ou « voyeur » ou « honteux » comme il a pu s’écrire par ailleurs. Cela étant, la plongée sur épaves est un type de plongée particulier, que tout le monde n’aime pas, ce qui peut très bien se comprendre.
Lors de mon dernier séjour, je suis allé sur cette épave. Pour moi, âgé, mais jeune plongeur, j’ai eu deux ressentis bien précis. Premièrement, le respect, le même que celui que j’éprouve en rentrant dans un cimetière, mais également autre chose. En voyant les soudures faites our réaliser uniquement la coque, je me suis dit : il y a eu la mort, donc tristesse, mais il y a eu également beaucoup de travail pour réaliser ce bateau. Des familles entières ont pu vivre grâce à ce travail, cette réalisation. Je suis sorti de l’eau tranquille dans ma tête.
Belle plongée et des souvenirs.